Vous trouverez ci-joint les textes des différents intervenants lors de cette journée d'étude du samedi 17 septembre 2022, qui s'est tenue à Angoulême.
Catherine Allaire, neurologue, nous a montré comment il était difficile de localiser dans la réalité des aires cérébrales tous ces dys- commandements (dys-phasies, dys-lexies, dys-calculies) , tandis qu'Érik Porge nous rappelait la façon dont l'inconscient peut compter dans les séries de nos répétitions. L'actualité du Prix Nobel de Physique attribué à Alain Aspect pour ses travaux consacrés à l'intrication des particules en physique quantique (à distance, elles peuvent interférer) ne donne que plus de relief à l'intervention de Béatrice Duwelz qui nous a fait réfléchir sur l'espace-temps au regard de la remarque freudienne : "l'inconscient ne connait pas le temps" , de son ça et justement de l'intrication des pulsions de vie ou de mort rapportée à l'expérience du chat de Schrodinger. Le "réel" de la physique quantique rompt avec le semblant des apparences.
Jean Louis Sous, par ailleurs, a interrogé le célèbre aphorisme lacanien: "il n'y a pas de rapport sexuel" considérant que le réel posé comme trois, pouvait nous sortir du couplage imaginaire et complémentaire d'un deux, ouvrant sur une érotique supplémentaire de l'incomplétude. Enfin, Philippe Lacadée a montré comment le trait d'esprit, le jeu avec la langue pouvait répliquer à la dimension de l'injure, laissant ouverte la question de savoir comment les institutions pouvaient répondre à cette déferlante insultante à l'égard de la psychanalyse, sans tomber elles-mêmes dans le piège spéculaire d'une semblable attitude.
Ces deux textes seront publiés dans "Vous avez dit " réel" (II).
L’imagerie cérébrale dans les TND : que disent les images…ou pas
Les recherches actuelles dans le domaine de l’imagerie des troubles du développement de l’enfant posent de nombreuses questions : est-ce qu’un trouble d’apprentissage peut être assimilé à un trouble neurologique ? Quel apport clinique de la réalisation des diverses imageries? Alors qu’aucune corrélation anatomoclinique n’est avérée dans les « dys », pourquoi les résultats s’expriment ils quasi exclusivement en terme de localisation supposée (des réseaux de lecture, praxies, mathématiques) ? Comment les enfants et leurs familles se représentent ils les troubles diagnostiquées au travers des informations véhiculées par les médias ?
Quelques notions introductives :
Le concept de trouble du développement ou du neurodéveloppement s’est progressivement imposé jusqu’à avoir une reconnaissance institutionnelle récente (avec par exemple la mise en place des plateformes TND). Ces troubles s’opposent aux encéphalopathies lésionnelles (Paralysie Cérébrale, encéphalites, traumatismes crâniens…). Il désigne un trouble inné, qui retentit sur le développement psychomoteur sans qu’il y ait de corrélation avec une lésion en imagerie classique, celle-ci étant souvent normale. Ce terme désigne un vaste groupe de troubles comprenant les déficiences intellectuelles, les troubles du spectre autistique, mais aussi les troubles sévères du langage oral. Le fait d’y inclure les difficultés d’apprentissage comme la dyslexie a troublé les hypothèses sur l’origine des troubles, ceux-ci étant considérés par assimilation à une origine neurologique. Cette conception ne tient pas compte des particularités de la maturation de l’enfant ni de la complexité liée à la plasticité.
Autant les retard moteurs, langagiers, adaptatifs orientent l’enfant vers le secteur soignant, autant de nombreux « dys »(dyslexie, dysgraphie, dyscalculie…) ne s’expriment qu’en contexte scolaire d’apprentissage et n’ont été que récemment adressés au corps médical.
Autre remarque, les troubles dit « dys » sont souvent désignés comme des troubles spécifiques du développement. La spécificité renvoie dans le cadre des « dys » à une notion scolaire et non pas cognitive (lecture, calcul, graphisme, orthographe, attention…). Le raccourci qui consiste à faire correspondre le trouble scolaire à une localisation neurologique est d’autant plus sujet à caution que troubles eux-mêmes ont une définition floue, une définition en creux : décalage de 1,5- 2 ans par rapport à l’âge attendu, en ayant éliminé tous les autres désordres cognitifs, psychologiques et environnementaux. Cette définition contraste d’ailleurs avec la richesse des classifications des dyslexies, qui invoquent des troubles très variés, le plus consensuel étant la difficulté meta-phonologique.
Dans les troubles des apprentissages, d’autres hypothèses doivent être envisagées : compétence limite ? trouble maturatif ? trouble psychodynamique ?
L’apport de l’imagerie en neurologie :
Les premières corrélations anatomo-cliniques du XIXème siècle ont fait la force de la neurologie adulte. Ainsi la démonstration de la survenue d’une aphasie lors d’une lésion de la zone de Broca n’a jamais été remise en cause et de nombreuses autres associations ont pu être découvertes (patient HM, amusies, apraxies, troubles visuels…). Notons que les alexies sont en général associées à d’autres troubles et restent très exceptionnelles.
Les imageries ont le plus souvent confirmé et précisé ces corrélations. La tomodensitométrie s’est diffusée en France à partir de 1978, l’IRM à partir de 1990. Les IRM ont ensuite beaucoup gagné en résolution et montrent le tissu cérébral, les vaisseaux…avec une précision millimétrique. Ces explorations ont révolutionné la démarche diagnostique des maladies neurologiques de l’adulte, en révélant et localisant les lésions de substance blanche et grise. Les imageries continuent d’évoluer avec de nouvelles séquences (diffusion, tractographie…) et permettent des approches volumétriques.
Pour autant, ces images sont statiques, si bien qu’un grand engouement a accompagné l’avènement de l’IRM fonctionnelle. Cette technique est basée sur l’effet BOLD, qui est une mesure du signal magnétique consécutif à l’exécution d’une tâche, en particulier une tâche mentale. L’image est obtenue après réalisation de tâches simples (appelés paradigmes d’activation), puis traitement statistique des images obtenus dans des délais très brefs, avec une très bonne résolution spatiale.
Ces explorations ont néanmoins leurs limites : l’IRMf individuelle, surtout chez l’enfant, est peu interprétable. Les activations sont plus élémentaires et la réalisation de l’examen difficile. Les recherches ont pu investir des champs jusqu’à présent peu explorés des fonctions supérieures : troubles du neurodéveloppement, psychiatriques, psychologiques…Les publications ont pu concerner des « méta » fonctions comme le deuil, les phobies, la réligiosité, mais aussi des comportements psychiques comme la violence, le mensonge suggérant des localisations correspondantes et évoquant une possible prédiction de ces déviances. Ces travaux sont en général non reproductibles et posent la question de l’interprétation des images.
L’imagerie cérébrale dans les TND :
Chez l’enfant, l’écueil a longtemps été la référence à la neurologie adulte. Les progrès dans la compréhension du développement du cerveau de l’enfant et de sa maturation, inachevée à la naissance, ont amené à de nouveaux modèles qui doivent être pris en compte dans toute recherche concernant le neurodéveloppement.
Les connaissances sur le développement post-natal du cerveau pointent en particulier un foisonnement synaptique très intense dans la petite enfance, suivi d’un appauvrissement de celui-ci. Ces organisations transitoires se font sous l’influence de stimulations de l’environnement et sont les marqueurs de la plasticité cérébrale. La spécialisation des réseaux neuronaux se fait progressivement. De plus, les modèles anatomo-cliniques sont plus rares et hétérogènes : paralysies cérébrales, ablations corticales, chirurgie tumorales… La plasticité cérébrale évoquée ci-dessus rend compte des situations paradoxales observées chez l’enfant : troubles sévères sans lésions cérébrales, bon développement du langage après des AVC néonataux gauches par exemple.
Compte-tenu de ces connaissances, les résultats des différentes études en imagerie dans les TND et les troubles des apprentissages sont finalement très limités et non homogènes.Les imageries classiques (IRM standard) sont le plus souvent normales ou montrent des anomalies non corrélées avec le trouble.
En IRMf, l’activité du cerveau « social » semble réduite chez les personnes TSA avec des stimuli comme l’observation de visages et de figures. Dans les dysphasies, des études ont montré une absence de spécialisation hémisphérique.
Les particularités retrouvées ne permettent cependant pas d’affirmer qu’elles sont causales d’un trouble et non pas la conséquence.
Dans les dyslexies, les recherches sont également très nombreuses.Une découverte anatomo-pathologique a fait grand bruit dans les années 80, avec mise en évidence de micro-ectopies dans les aires du langage (Galaburda). Ces anomalies n’ont pas été mentionnées dans d’autres publications et les IRM les plus puissantes ne les ont jamais retrouvées.
Les données volumétriques de différents articles montrent des résultats peu cohérents : volume moindre/amincissement du cortex dans les aires temporo-pariétales, ou cingulaires antérieures, orbito-frontales, du gyrus fusiforme…De même les études en IRMf font état de localisations différentes.
Finalement, le fantasme d’objectivité apporté par les imageries fonctionnelles se heurte aux difficultés d’interprétations de données recueillies à un temps donné, chez un groupe de sujets, alors que le processus d’apprentissage se fait chez un individu dans une temporalité continue. Les particularités retrouvées sont le fruit de traitements et de modélisations non univoques selon les publications. L’interprétation est probablement sous-tendue par une recherche de localisation, là où la physiopathologie des TND renvoie peut-être à des mécanismes plus diffus.
Les voix dissonantes sont peu audibles. Un problème conceptuel majeur est d’affirmer un continuum entre les TND sévère d’origine développementale/neurologique avérée (déficience intellectuelle, autisme) et les troubles des apprentissages (dys divers mais aussi TDAH etc). L’enseignement des professionnels (médecins scolaires, orthophonistes) diffuse ces hypothèses purement organiques pour les troubles d’apprentissage. Tout se passe comme si l’imagerie et ses résultats extrapolés étaient plus crédible que les nuances apportées par le champ de la psychologie du développement.
Si bien que la question se déplace dans le champ social. D’une explication purement psychodynamique dans les années 70-80 en France, les troubles des apprentissages sont désormais considérés comme d’origine neurologique. Les imageries ne sont pas seules en cause. Il faut certainement trouver des éléments de réponse dans le contexte sociétal actuel, marqué par la fascination des progrès techniques et la méconnaissance de déterminants du développement de l’enfant. Comme le suggère SJ Gould dans son ouvrage « la mal-mesure de l’homme », les schémas de pensée actuels n’ont-ils pas pu influencer l’interprétation des résultats des recherches en imagerie dans ces domaines ?
Catherine Allaire
Réel de l'inconscient, réel du nombre: résumé. Vous pourrez retrouver l'intégralité de cette l'intervention dans le prochain numéro de la revue Essaim intitulée: Compter avec Lacan.
L’avènement du zéro opératoire, au VI siècle en Inde, fut un événement qui a transformé de fond en comble les opérations de comptage. Quelles en furent les conséquences pour un savoir des modalités de comptage de l’inconscient, c’est ce que Lacan tenta de résoudre. Déchiffrer les formations de l’inconscient c’est reconnaître que le nombre démontre la puissance combinatoire de celles-ci (par exemple celle de la condensation et du déplacement), affirme Lacan dès 1953. Tout au long de son œuvre il associe le nombre à son approche du réel de l’inconscient comme savoir. Il rend compte de la nécessité d’une comptabilité spécifique des formations de l’inconscient. Il introduit dans ses calculs de nouveaux rapports aux nombres, tel le +1 pour le sujet et le nombre d’or auquel il identifie l’objet a. En même temps il récuse l’appellation de nombre pour leUn qu’il désigne comme « signifiant de l’inexistence » du sujet et dont il démontre la bifidité. Selon Lacan, tirant une leçon du nœud borroméen, le nombre un commence à trois. D’une façon générale il privilégie certains nombres en leur donnant une valeur algorithmique et il conclue que l’inconscient ne compte pas au-delà de six.
Érik Porge
Quand la physique nous « dit » que la réalité n’existe pas.
Adieu, temps, espace et matière…
Conversation avec le sphinx Les paradoxes en physique.
Extrait de la Préface de la nouvelle édition 2021
« De temps à autre, il nous faut accepter de « penser contre notre cerveau » Je suis bien conscient que cette expression est paradoxale ; n’est-ce pas toujours avec son cerveau que l’on pense ? C’est néanmoins une formule à prendre au sérieux puisqu’elle a été inventée par Gaston Bachelard soi-disant, qui écrit dans La Formation de l’esprit scientifique :
La pensée scientifique moderne réclame qu’on résiste à la première réflexion. C’est donc tout l’usage du cerveau qui est mis en question. Désormais le cerveau n’est plus absolument l’instrument adéquat de la pensée scientifique, autant dire que le cerveau est l’obstacle à la pensée scientifique. Il faut penser contre le cerveau.
Il avait là pleinement raison. Car la physique est tout le contraire d’une « bureaucratie des apparences » : les lois qu’elle énonce ne se déduisent pas si simplement du spectacle du monde. L’univers a beau être exhibitionniste, il n’est pas très pédagogue. Dès lors comment espérer le comprendre ? En utilisant notre esprit pour le « travailler au corps ». Au corps oui, mais pas dans un corps à corps, en prenant au contraire de la distance, en décollant notre nez aux données brutes qu’il nous livre, en décalant notre point de vue et en rebondissant sur les contradictions qui apparaissent alors.
Etienne Klein ; Physicien, Philosophe des sciences.
LE RAPPORT DE LA PHYSIQUE AVEC LE REEL.
Qu’est-ce que la physique ?
Un des slogans les plus prononcé durant mai 68 était :
« Soyons réaliste demandons l’impossible. »
La physique c’est presque l’inverse de ce slogan :
« Soyons impossible, demandons le réel ».
Il y a deux façons de comprendre cette proposition étrange.
La première c’est de dire qu’en effet les physiciens cherchent à comprendre ce qu’est le réel. De quoi est-il constitué ? Quelles sont les lois qui régissent la matière ? Les particules qui la constituent ? Qu’est-ce qu’un atome ? Comment est-ce qu’il émet de la lumière ? Comment est-ce qu’il absorbe de la lumière ?
La seconde vient d’un philosophe des sciences du XXème siècle, Alexandre Koyré, qui a beaucoup travaillé sur Galilée, sur la naissance de la physique moderne. Il faisait remarquer que le pari de la physique, c’est que l’on peut expliquer le réel par l’impossible. Ce qu’il voulait dire par là c’est que les lois physiques qu’on apprend à l’école et à l’université, sont des lois qui au première abord contredissent l’observation. C’est-à-dire qu’elles disent des choses dont on ne voit pas immédiatement la contrepartie dans le spectacle des phénomènes physiques auxquels nous assistons.
Par exemple, Galilée, énonce en 1604 l’une des premières grandes lois de la physique à savoir que :
« Tous les corps tombent à la même vitesse dans le vide. »
A une époque où on ne sait pas faire le vide et où on discute même de son existence. Donc ce qu’il dit là est un énoncé que personne ne peut vérifier puisque quand on fait tomber deux corps de masses différentes d’une grande hauteur dans l’atmosphère on voit que les plus lourds tombent plus vite que les plus légers.
Pensez à un autre principe fondamental de la mécanique : le principe d’inertie.
« Un corps qui n’est soumis à aucune force a un mouvement rectiligne uniforme. »
Il continue en ligne droite indéfiniment. Mais, qui a jamais vu un tel mouvement ? Personne !
On a donc des lois physiques qui correspondent à des situations qui ne sont pas directement observables ou qui en tout cas oblige à réinterroger l’observation pour expliquer comment des lois qui contredisent les phénomènes, expliquent les phénomènes.
La physique ce n’est pas « la bureaucratie des apparences ». Cela ne consiste pas à regarder ce qui est ; à voir les phénomènes tels qu’ils se manifestent à nous, et à extraire de ces observations des lois physiques. En fait il faut trouver des stratagèmes intellectuels pour que le réel dé-coïncide de ce qu’il nous montre. Galilée a trouvé cette loi non pas en faisant des expériences mais en interrogeant des lois supposées vraies de l’époque. En montrant que si on les supposait vraies alors on pouvait imaginer des situations qui conduisent à des conclusions qui paraissent absurdes. Einstein fera la même chose un peu plus tard.
Faire de la physique, comme le disait Bachelard, « c’est penser contre son cerveau ». C’est-à-dire c’est accepter des messages, des lois que notre cerveau a du mal à accepter parce que ces lois contredisent nos préjugés, contredisent ce que nous croyons évident et les phénomènes qui se montrent à nous.
Il existe aujourd'hui trois ensembles de théories physiques établies, chacun valide dans le domaine d’applications qui lui est propre :
la physique classique (milieux solides, liquides et gazeux). Elle utilise les anciennes notions de temps, d'espace, de matière et d'énergie telles que définies par Newton ;
la physique quantique (monde microscopique des particules et des champs). Elle se fonde sur de nouvelles définitions de l'énergie et de la matière, mais conserve les anciennes notions de temps et d'espace de la physique classique. La physique quantique n'a jamais été prise en défaut à ce jour ;
la relativité générale (monde macroscopique des planètes, des trous noirs et de la gravité). Elle se fonde sur de nouvelles définitions du temps et de l'espace, mais conserve les anciennes notions d'énergie et de matière de la physique classique, ces deux dernières étant contredites par la physique quantique. La relativité générale n'a jamais été prise en défaut à ce jour.
Le problème actuel de la recherche en physique fondamentale est de tenter d'unifier ces deux dernières théories, c’est ce que l’on nomme la Gravité quantique. La gravité quantique est donc une branche de la physique théorique tentant d'unifier la mécanique quantique et la relativité générale. Une telle théorie permettrait notamment de comprendre les phénomènes impliquant de grandes quantités de matière ou d'énergie sur de petites dimensions spatiales, tels que les trous noirs ou l'origine de l'Univers.
DISCUSSION
Le problème du scientisme.
Nous vivons en Occident et en France dans une croyance scientiste et non scientifique qui nous fait croire que la science peut et est la mieux placée pour dépeindre la bonne vision du monde. Ce qui est faux. Parce que la science est devenue beaucoup trop cloisonnée d’une part et qu’elle a lâché la locomotive de la philosophie d’autre part.
Pour ce qui est de la physique, celle-ci trouve ses limites dans la mesure où son renouveau permanent vient de l'impossibilité d'atteindre un état de connaissance parfait et sans faille du réel. De nombreux philosophes, dont Emmanuel Kant, ont mis en garde contre toute croyance qui viserait à penser que la connaissance humaine des phénomènes peut coïncider avec le réel, s'il existe. La physique ne décrit pas le monde, ses conclusions ne portent pas sur le monde lui-même, mais sur le modèle qu'on déduit des quelques paramètres étudiés. Elle n’est une science exacte qu’en ce que la base des hypothèses et des paramètres considérés conduisent de façon exacte aux conclusions tirées.
Sa méthode est basée sur l’objectivité du fait de faire des mesures. Le problème est que cette objectivité est toujours relative à un modèle qui fournit un cadre. Et on ne peut qu’être objectif qu’à l’intérieur de ce cadre. Par exemple, la théorie de la mécanique classique décrit fidèlement le mouvement d'un objet, pourvu que
ses dimensions soient bien plus grandes que celles d'un atome ;
sa vitesse soit bien inférieure à la vitesse de la lumière ;
il ne soit pas trop proche d'une masse importante ;
il soit dépourvu de charge électrique.
Mais ce cadre si jamais il est remis en question alors tout ce que l’on peut déduire des mesures est faux. La science, la rigueur, ont toujours besoin, tout le temps, d’un cadre, c’est-à-dire un ensemble d’hypothèse ou d’axiome, pour ensuite faire des raisonnements logiques et rationnels qui aboutissent à des conclusions. Donc de ce fait la science ne peut pas nous apporter à elle seule une bonne vision du monde.
Remise en question des 4 dogmes définissant le « parc de la science ».
Les frontières de la science sont résumées en quatre dogmes ou croyances qui permettent de délimiter un parc qui est le parc à l’intérieur duquel on peut dire que les équations actuelles de la physique fonctionnent.
Le déterminisme : Cette croyance a prévalue jusque dans les années 1980.
Le déterminisme consiste à dire que tout ce qui arrive est parfaitement définit par ce qui est arrivée. Des conditions initiales définissent des conditions finales d’un état, d’un objet, d’un parcours….Il existe donc des lois qu’on n’a pas forcément entièrement découvertes qui permettent de déterminer complètement le futur à partir du passé. Le déterminisme rajoute une contrainte d’unicité.
« Tout est effectivement le résultat du passé mais de manière totalement unique. »
Ceci est contredit par la mécanique quantique ainsi que la physique du chaos.
La théorie du chaos étudie le comportement des systèmes dynamiques très sensibles aux conditions initiales, un phénomène généralement illustré par l'effet papillon. Pour de tels systèmes, des différences infimes dans les conditions initiales entraînent des résultats totalement différents, rendant en général toute prédiction impossible à long terme.
La mécanique quantique possède elle, un caractère aléatoire intrinsèque qui est lie à la mesure. En effet mesurer l’état d’une particule, c’est interagir avec et donc la perturber. En physique quantique, il n'est possible de calculer que des probabilités de réalisation de prédictions. La mesure d’une quantité physique d’un système quantique est aléatoire et affecte définitivement l’état du système.
Un exemple est l’expérience de pensée du Chat de Schrödinger imagée en 1935. Erwin Schrödinger a imaginé une expérience de pensée dans laquelle un chat est enfermé dans une boîte avec un dispositif qui tue l'animal dès qu'il détecte la désintégration d'un atome. Si l’émission de la particule issue de la désintégration de l’atome a lieu, alors un marteau s’abat sur une fiole contenant un gaz mortel et la case. Le gaz se répand aussitôt dans la boite et le chat meurt en expirant un ultime miaou.
Si l'atome a une durée de demi-vie de 10 minutes, alors il y a 50% de chances qu’il se soit désintégré au bout de 10 minutes. La mécanique quantique indique que, tant que l'observation n'est pas faite (ou plus précisément qu'il n'y a pas eu de réduction du paquet d'onde), l'atome est dans une superposition de deux états équiprobables : intact et désintégré. Or le mécanisme imaginé par Erwin Schrödinger lie l'état du chat (mort ou vivant) à l'état de l’atome, de sorte que le chat serait aussi dans une superposition d'états (l'état mort et l'état vivant), jusqu'à ce que l'ouverture de la boîte (l'observation) déclenche le choix entre les deux états. Par conséquent, il est impossible de dire si le chat est mort ou vivant au bout de 10 minutes.
Un autre exemple d’indétermination connu est le Principe d’incertitude d’Heisenberg qui dit que si on connait précisément la valeur de la position d’une particule alors nous ne connaissons pas précisément la valeur de sa vitesse (et vise et versa ; si on connait précisément la valeur de sa vitesse, on ne connait pas précisément la valeur de sa position). Cette valeur de vitesse n’existe pas et ne peut être déterminée. Elle ne prendra sens que lorsque l’on réalisera une mesure. Ainsi la mesure quantique apporte une autre façon de concevoir notre réel. Elle permet de considérer que beaucoup d’observables macroscopiques sont en fait des quantités émergentes, que la réalité fondamentale est beaucoup plus riche que ces quantités macroscopiques. Que celles-ci peuvent être dans des états désorganisés dans lesquelles elles ne sont pas bien définies et que l’opération de mesure ( ou si vous préférez d’observation) contribue à leur organisation et fasse émerger la valeur mesurée.
La mécanique quantique prédit aussi qu’après avoir interagi avec le système mesuré, l’appareil de mesure lui-même se retrouve dans un état dit « intriqué » avec le système, ce qui signifie que son état s’est corrélé de manière indissociable avec celui du système.
Alors pour résoudre ce problème est resté dans un cadre déterministe les physiciens ont émis la théorie des Univers Parallèles ou Multivers, avec des doubles de notre conscience humaine. Elle suppose que notre monde coexiste avec de nombreux autres univers, qui se divisent continuellement en univers divergents, différents et inaccessibles entre eux. D'après Everett, chaque monde contient une version unique de chaque personne (chaque observateur) qui vit une situation différente au même moment du temps. Ça veut dire que la physique aujourd’hui ne décrit pas notre réalité mais elle décrit une infinité de vie concernant chacun d’entre nous.
Le matérialisme : Cette croyance a prévalue jusque dans les années 1990.
Le matérialisme, dont les équations en ont besoin, consiste à dire que tout peut se décrire à l’aide de mouvements de matière ou de lumière. Tout ce qui arrive peut être décrit de manière matérielle ou ondulatoire (ondes électromagnétique), description dont nous avons les équations ; et qu’il n’a pas à aller chercher autre chose.
Et pourtant si ! C’est la question du vide qui vient remettre ça en question. On aimerait pouvoir dire que le vide est ce qui ne contient rien, ou qu’il est de l’espace sans contenu. En son temps, Aristote régla la question à sa manière, en déclarant que le vide ne pouvait exister. Sage décision !
Car depuis qu’ils ont choisi de l’inclure dans leur recherche, les physiciens ont dû se rendre à l’évidence. Par quelque bout qu’ils le prennent, le vide ne peut jamais se réduire à rien…
Il existe on va dire deux type de vide qu’ils essayent d’appréhender : le vide quantique et le vide cosmique.
Le vide quantique, vide de matière, serait, d’après la théorie quantique des champs, bourré de particules fantômes, que les spécialistes appellent «fluctuations de point zéro» ou encore «énergie du vide». Pour étrange que soit cette énergie invisible, elle a néanmoins des effets bien réels, en tous points conformes aux prédictions. Seul – mais sérieux – hic, la valeur de l’énergie du vide calculée à partir des équations de la théorie quantique est totalement délirante, voire … infinie.
Alors comment ça fonction ? D’après le Principe d’incertitude d’Heisenberg (encore lui !) il est envisageable d'emprunter de l'énergie au vide pendant un temps particulièrement court. C'est ce mécanisme qui est à l'origine des fluctuations du vide. Et c’est cette fluctuation du vide qui permet la naissance de paires de particules virtuelles. Ainsi en mécanique quantique le vide est rempli de particules virtuelles apparaissant pendant un temps particulièrement bref avant de disparaître.
Stephen Hawking explique ainsi l'évaporation des trous noirs par la fluctuation du vide.
Le vide cosmique est en astronomie, un espace, situé entre des filaments galactiques, dont la densité de matière est extrêmement faible. Le vide cosmique est rempli d’une énergie, nommée énergie noire ou énergie sombre. Cette énergie, est une forme d'énergie hypothétique remplissant uniformément tout l'Univers, représentant environ 68% de la densité d'énergie totale de l'Univers, et qui est dotée d'une pression négative. Elle se comporte comme une force gravitationnelle répulsive. Sa nature reste aujourd'hui encore inconnue.
L'existence de l'énergie noire est nécessaire pour expliquer, diverses observations astrophysiques, notamment l'accélération de l'expansion de l'Univers détectée au tournant du XXIe siècle.
Ce n’est donc pas tant en terme de mouvement de matière ou de lumière qu’il faudrait décrire notre réel mais plutôt en terme de vide et d’énergie du vide.
Le matérialisme ne peut pas fonctionner. Mais on le garde comme dogme pour pouvoir valider les équations.
Le hasard : Cette croyance a prévalue jusque dans les années 2000.
Cela correspond à la théorie qu’on appelle « DIEU JOUE AUX DES » qu’EINSTEIN réfutait. Pourtant pendant presque un siècle la physique a montré que Dieu jouait aux dés, c’est-à-dire que la nature faisait des choix.
Le hasard en physique classique surgit lorsque le résultat d’une expérience ne peut être prédit avec certitude : sur quelle face tombera le dé ? Quel temps fera-t-il à Paris l’année prochaine ? Le hasard rend compte de façon effective du fait que nous ne disposons pas de toute l’information sur une situation physique complexe. Il nous permet de conserver une capacité prédictive, portant sur des statistiques (ainsi, ce dé a une chance sur six de tomber sur le « 1 »). Donc, on voit qu’en physique classique, les probabilités sont le reflet d’une connaissance imparfaite ou d’un manque d’information sur le système que l’on souhaite décrire : ces probabilités sont appelées probabilités d’ignorance.
Ce qui n’est pas le cas en physique quantique. Car même si l’on connaît aussi parfaitement que possible l’état d’un système, les prédictions pour les résultats des mesures sont irréductiblement probabilistes : les probabilités quantiques sont intrinsèques. C’est le Principe d’incertitude d’Heisenberg.
Les physiciens déterministes, qui refusent ce hasard, ont proposées la théorie des Univers Parallèles ou Multivers avec des doubles de notre conscience humaine.
Mais depuis quelques années, cette idée que « DIEU JOUE AUX DES » et que ce hasard quantique serait véritablement un hasard fondamental est battue en brèche. Et apparait, maintenant, une position de plus en plus prévalent, qui est que ce hasard ne peut pas exister car notre futur est déjà réalisé.
Donc la théorie annoncée par EINSTEIN est reprise par d’autres notamment par ETIENNE KLEIN.
EINSTEIN
« La séparation entre le passé, le présent et le futur est une illusion. »
Autrement dit notre futur et notre passé sont inclus dans le présent.
ETIENNE KLEIN
« Le futur existe déjà, c’est une authentique réalité mais partiellement configurée. »
Cela vient dire que le hasard n’est pas aléatoire mais viendrait de notre futur qui agit sur notre présent et le modifie.
C’est ce que nous démontre la théorie de l’Univers-Bloc (façon de penser l’avenir à partir de la théorie de la Relativité Générale d’EINSTEIN).
En philosophie du temps et en cosmologie, la théorie de l'Univers-bloc est une conception du temps selon laquelle l'Univers tout entier se déploie dans un continuum d'espace-temps où tous les événements présents, passés et futurs existent de la même façon. Ils ont tous la même réalité. Il n’y en a pas un plus réel que l’autre. Le « présent » devient une notion relative à un observateur. Un même événement peut être dans le passé d'un observateur, dans le présent d’un second observateur et dans le futur d'un troisième, alors que tous les trois se croisent au même endroit au même moment. Il devient ainsi difficile de soutenir que le réel n'est que ce qui existe maintenant. Cela conduit à considérer l'existence de l'univers dans toute son extension temporelle sans donner une importance particulière au présent. La théorie de l'Univers-bloc est associée à une conception quadridimensionnaliste du monde où chaque objet comprend non pas trois mais quatre dimensions dont une longueur de temps. Selon la théorie de l'Univers-bloc, tout ce qui existe dans l'espace-temps existe objectivement de toute éternité, et le cours du temps n'est qu'une illusion qui provient de la façon dont nous prenons conscience du monde. La distinction entre présent, passé et futur ne décrit pas la structure objective du temps mais seulement notre relation subjective aux événements. La théorie de l'Univers-bloc admet la possibilité théorique du voyage dans le temps. Puisque le cours du temps n'existe pas objectivement, il n'existe pas non plus de flèche du temps et il est donc théoriquement possible de parcourir la succession des événements à rebours.
En physique il y a le cours du temps et il y a la flèche du temps. Pour résumer le cours du temps c’est ce qui vous empêche de retrouver dans le futur un instant que vous avez connu dans le passé. C’est la définition officielle. La flèche du temps- irréversibilité des phénomènes – c’est ce qui vous empêche de retrouver dans le futur un état physique que vous avez connu dans le passé. Ce n’est pas la même chose ; dans un cas c’est un instant dans l’autre cas c’est un état physique. Le cours du temps vous empêchera dans le futur d’avoir un âge plus faible que le vôtre actuellement. Et la flèche du temps vous empêchera de ressemblait dans le futur à l’enfant que vous étiez.
En insérant la mécanique quantique dans la théorie de l’Univers-Bloc, on démontre l’existence de la rétrocausalité, c’est-à-dire qu’un évènement du « futur » peut influencer un évènement « du présent ». L’un des grands physiciens français qui travaille sur la question est Philippe GUILLEMANT ; spécialiste de la théorie du chaos et de l’intelligence artificielle.
NIETZSCHE
« C’est notre avenir qui détermine notre présent. Le futur l’influence autant que le passé. »
La causalité : Cette croyance a prévalue jusque dans les années 2010.
En France, nombre de physiciens se sont intéressés à la notion du temps ; on peut dire que nous avons une école française du temps.
ETIENNE KLEIN écrit sur la causalité :
« En général, le principe de causalité s’énonce plutôt en disant que tout fait a une cause, et que la cause d’un phénomène est nécessairement antérieure au phénomène lui-même. Au XXe siècle la physique quantique lui a porté le coup de grâce.
THIBAULT DAMOUR
« Le futur est déjà là…Le temps est fondamentalement réversible. »
MARC LACHIÈZE-REY
« Le temps n’existe pas la causalité est indépendante du temps. »
La causalité, stricte, c’est : « les effets suivent les causes » et non pas l’inverse. C’est indispensable pour faire fonctionner les équations. Parce que la très grande majorité des équations, si ce n’est la quasi-totalité fonctionnent avec la variable temps. Cette causalité vient instituer que le futur est le résultat du passé. Mais ceci dans une représentation linéaire de temps. Je m’explique.
Le temps mathématisé des physiciens (qui est différent du temps psychologique mais cela est une autre question Cf. livres d’Etienne Klein) nous incite à assimiler le temps à un flux composé d’instants infiniment proches parcouru les uns après les autres c’est-à-dire à dire que le temps est une variable à une seule dimension. Le fait que le temps a une seule dimension, c’est-à-dire qu’un seul nombre suffit à déterminer un instant, fait que sa topologie est beaucoup plus pauvre que celle de l’espace et se réduit à une courbe.
Parce que finalement une courbe a une seule dimension ne peut avoir que deux structures possible ; soit ouverte, soit fermée sur elle-même ; formant ainsi une boucle. Si elle est ouverte, on peut par des transformations mathématiques continues la ramener à un segment de droite. Si c’est une boucle, on peut par des transformations mathématiques continues la ramener à un cercle. Et le fait que le temps a un cours (le cours du temps, c’est-à-dire que la notion de passé et d’avenir sont bien distinct et que le temps s’écoule selon un sens bien défini) signifie qu’il est orienté. On a soit à faire à un temps qui est linéaire, donc qui va du passé vers l’avenir ; soit à faire à un temps qui est cyclique. (Il se trouve que dans la plus part des grands mythes de l’humanité. Il y a l’idée d’un temps cyclique, d’une répétition des choses ; de ce que Nietzsche appelait l’éternel retour.).
À la base les physiciens se sont éloignés du temps cyclique pour respecter au départ le principe de causalité, ce fameux « les effets suivent les causes. ».
Hors la théorie de l’Univers-Bloc démontre l’inverse ; que le futur a un effet de rétro-causalité sur notre présent et notre passé : donc la causalité est indépendante du temps.
On peut dire que c’est comme si les physiciens avaient réintégré le temps cyclique. Car dans un temps cyclique on ne peut plus garantir le principe de causalité. Par exemple si A est un évènement qui est la cause de B, cela veut dire que A se produit avant B. Mais si on attend un peu, on s’aperçoit que c’est B qui peut être interprété comme étant la cause de A. Et croyant aller vers le futur de B on se retrouve dans le passé de A. Les notions de causes et d’effets sont ainsi mélangées. La notion de causalité est difficile à garder.
Ces 4 dogmes délimitent un cadre en physique permettant de maintenir une fausse vision scientifique de la réalité. Mais on les garde pour maintenir ce cadre de pensée pour pouvoir ensuite le remettre en question et en sortir.
Remise en question du temps, de l’espace et de la matière.
Donc en tenant compte des résultats de la physique quantique, on peut en déduit que l’espace, le temps et la matière ne peuvent pas exister réellement tel qu’on les perçoit ; que notre réel est une illusion.
La physique moderne vient confirmer ce qui a été avancé depuis Platon (et sa fameuse caverne) : notre réalité n’existe pas telle qu’on l’aperçoit. On a l’habitude de l’entendre mais on a tendance à ne pas le croire.
Du point de vue des physiciens et même d’un des physiciens les plus illustres Carlo ROVELLI qui s’intéresse à la gravité quantique à boucle, pour lui la réalité n’existe pas sous la forme de matière qui se déplace dans le temps et dans l’espace. Il dit que cette ponctualité des choses qui a un instant donné nous donne l’impression qu’il y a de la matière qui se déplace, est une illusion. Il propose de concevoir notre réalité comme un ensemble d’évènements déjà déployés dans le temps qu’on ne peut appréhender que localement. Pour lui le temps n’existe pas.
Le temps n’existe pas.
CARLO ROVELLI
« Le temps n’existe pas. La réalité n’évolue pas dans le temps mais d’une autre façon. »
ANTOINE CONNES
« Le passé pourrait être instable, le passé pourrait changer ou être altéré. »
Les historiens des sciences s’accordent à dire que la physique moderne a commencé avec GALILEE. GALILEE s’est occupé de savoir comment il pouvait utiliser le temps pour corréler entre eux des phénomènes. Cela l’a amené à considérer que le temps est une grandeur quantifiable, susceptible d’ordonner des expériences et de les relier mathématiquement.
Hors, nous avons vu que la théorie de l’Univers-Bloc (façon de penser l’avenir à partir de la théorie de la Relativité Générale d’EINSTEIN) venait remettre tout cela en question.
Mais il y a aussi l’Expérience de pensée des jumeaux de LANGEVIN, les trous noirs ainsi que l’Intrication Quantique.
L’expérience de pensée des jumeaux de LANGEVIN
Des jumeaux nés sur Terre Rémi et Eloi sont âgés de 20 ans. Rémi, passionné d’aventure spatiale et lassé des inerties terrestres, décide de partir à bord d’une fusée explorer un bout du cosmos. Il fait des adieux déchirant à son alter ego, puis s’envole pour effectuer en ligne droite et à vitesse constante un voyage qui le mène jusqu’à une planète située à 7 années-lumière de la terre. Sa fusée, plus rapide que toutes celles qui ont volé jusqu’à aujourd’hui, le transporte à la vitesse respectable de 99% de la vitesse de la lumière. Dès que son objectif est atteint, il effectue instantanément un demi-tour, puis suit en sens inverse le même trajet qu’à aller. Plus casanier, Eloi a préféré rester sur terre à cultiver son jardin en attendant que Rémi, son jumeau rentre à la maison. Et quelle n’est pas sa surprise de constater qu’à son retour Rémi a douze ans de moins que lui. Rémi n’a que 22 ans, alors que lui en a 34. Les deux frères ne sont plus jumeaux, le plus sédentaire est devenu l’aîné. Ce résultat si étrange qu’il paraisse, est en accord avec la théorie de la relativité restreinte.
D'après le phénomène de dilatation des durées de la relativité restreinte, pour celui qui est resté sur Terre, Eloi, la durée du voyage est plus grande que pour celui qui est parti dans l'espace, Rémi. Et pourtant pour chaque jumeau, le temps s'écoule normalement à sa propre horloge, et aucune expérience locale ne permet au jumeau voyageur de déterminer qu'il est en mouvement pendant l'aller ou le retour. Mais quand ce dernier rejoint le jumeau terrestre, il s'aperçoit qu'il a mesuré au total moins de secondes et il rentre donc plus jeune que son jumeau sur Terre.
Au sujet de la dilatation du temps prédite par la relativité restreinte, Albert Einstein indique en 1911 :
« Si nous placions un organisme vivant dans une boîte… on pourrait s'arranger pour que cet organisme, après un temps de vol aussi long que voulu, puisse retourner à son endroit d'origine, à peine altéré, tandis que les organismes correspondants, qui sont restés dans leur position initiale auraient depuis longtemps cédé la place à de nouvelles générations. Car pour l'organisme en mouvement, la grande durée du voyage était un court instant, à condition que le mouvement ait été effectué quasiment à la vitesse de la lumière. »
Cette expérience de pensée a été vérifiée par les calculs et expérimentalement à l’aide des horloges atomiques mais sur des durées plus courtes de quelques millisecondes.
- Les trous noirs.
Les trous noirs sont l’une des principales prédictions de la célèbre théorie de la relativité d’Einstein : si une masse assez grande peut-être comprimé en un espace suffisamment petit, elle créera dans l’Univers un endroit où la gravité est si forte que rien ne peut lui échapper : un trou noir. C’est au niveau de son horizon des évènements, qui délimite sa zone d’obscurité que la gravité est si forte que rien ne peut lui échapper pas même la lumière et que le temps disparaît.
Le trou noir nait de l’effondrement sur elle-même de l’explosion d’une étoile super massive dont la masse dépasse 10 Masse Solaire. On a découvert que se trouvait au centre de chaque galaxie un trou noir super massif (celui au centre de notre galaxie est de 4 million de masse solaire) qui permettrait sa stabilité et son existence. Certains de ces supers montres atteignent jusqu’à 20 milliard de masse solaire.
- L’Intrication quantique
L’Intrication Quantique est un phénomène quantique dans lequel deux particules au moins partagent les mêmes propriétés sans relation de cause à effet. Quand on mesure l'état de l'une d'entre elles, l’autre particule intriquée prend instantanément la même valeur, indépendamment de la distance entre elles. Par exemple si on fabrique deux photons dans un état intriqué, qu’on les sépare et que l’on mesure la polarisation de l’un, cela détermine automatiquement et immédiatement la polarisation de l’autre à distance et ceci quelle que soit la distance qui les sépare. Dans l’expérience tout se passe comme si un photon était capable d’influencer un autre instantanément. Les deux photons constituent un tout inséparable comme si un lien quantique, immatériel et instantané, les tenait ensemble ; lien qui ne relève pas d’une causalité.
Au cours des dernières années, de nombreuses expériences et des modèles théoriques ont été développés autour de la notion d’intrication quantique, pour vérifier son caractère « non local ». Ce concept de « non-localité » a été mis en évidence en 1981-1982 par un physicien français Alain Aspect et son équipe, puis vérifié en 1990 par les Américain. Il a été montré que ces corrélations non-locales existent également pour des particules séparées par le temps. Ainsi un évènement présent et un évènement futur peuvent être corrélés, alors même que le second n’a pas encore eu lieu et qu’aucune cause ne les relie. Il s’agit là d’une non-localité temporelle.
L’espace n’existe pas.
Que cela soit l’intrication quantique ou les trous noirs, nous avons déjà des éléments qui permettent de remettre en question la notion d’espace. Tout comme le temps, l’espace n’existe pas tel que nous le percevons car ce dernier est troué, courbé, non-local, pixélisé et en vibration.
-L’espace est troué, courbé.
On a vu qu’il existe des trous noirs qui trouent l’espace lui-même. Hors dans l’espace il ne devrait pas y avoir de trous puisque c’est l’espace de référence ! De plus l’espace de référence c’est le vide. Donc il y a bel et bien des trous dans le vide… qui n’est pas du vide.
A cela s’ajoute le fait que l’espace est courbé. C’est ce que démontre la théorie de la relativité générale.
La relativité générale est une théorie de la gravitation qui a été développée par Albert Einstein entre 1907 et 1915. Selon la relativité générale, l'attraction gravitationnelle que l'on observe entre les masses est provoquée par une déformation de l'espace et du temps par ces masses.
Pour mieux comprendre on peut se représenter l'espace-temps en trois dimensions comme une nappe tendue. Si la nappe est bien tendue et sans corps dessus, une bille légère que l'on fait rouler dessus passe en ligne droite. Si on y place une boule lourde au centre, la nappe est déformée et la bille légère ne va plus en ligne droite, et peut même tomber vers la boule lourde donnant l’illusion que la bille légère est attirée par la boule lourde alors que cette attraction est le résultat indirect de la déformation de la « nappe ». C'est la gravitation exercée par la boule elle-même qui déforme l'espace-temps alentour en le contractant vers elle. L'espace-temps n'est pas à trois dimensions, mais à quatre (trois d'espace et une de temps) et toutes les quatre sont déformées par la présence d'une masse.
- L’espace est non local.
Comme on vient de le voir, l’intrication quantique est un phénomène qui vient questionner la non-localité de l’espace, car deux particules intriquées sont liées sans lien de cause à effet et ceci quel que soit l’espace qui les sépare.
- L’espace est pixélisé.
Des physiciens américains du California Institute of Technology ont démontrés que l’espace-temps est composé de « pixels spatiaux » dans une nouvelle étude, en date de novembre 2021. Pour cela il faut zoomer jusqu’à la longueur de Planck 10-35m. Selon cette hypothèse, l’espace ne serait pas lisse et continu comme on l’imaginait.
- L’espace est en vibration :
Cela a été découvert par les ondes gravitationnelles.
Une onde gravitationnelle est une oscillation de la courbure de l'espace-temps qui se propage à grande distance de son point de formation.
Albert Einstein a prédit l'existence des ondes gravitationnelles en 1916 : selon sa théorie de la relativité générale qu’il venait de publier. Les ondes gravitationnelles seraient produites par des masses accélérées et se propageraient à la vitesse de la lumière dans le vide. Cependant, la réalité des ondes gravitationnelles a été longuement débattue. Pour statuer, et disposer à cette occasion d'un nouveau test de la relativité générale, seule la recherche expérimentale pouvait lever le doute. Les efforts dans ce sens ont été engagés à partir des années 1960. Depuis 2016, l'existence des ondes gravitationnelles est confirmée, grâce à une première observation faite le 14 septembre 2015. Cette observation ouvre un champ nouveau d'observation de l'univers à grande échelle, d'autant que les ondes gravitationnelles ne sont pas arrêtées par la matière.
Ces ondes gravitationnelles ont été produites par la coalescence de deux trous noirs, (respectivement de 29 et 36 fois la masse du soleil) il y a 1,3 milliards d'années ; situés à 1,3 milliard d'années-lumière. Ce serait aussi « la première preuve directe de l’existence des trous noirs », affirme Thibault Damour, physicien théoricien français. Le phénomène est observé une deuxième fois en décembre 2015 (annoncé en juin 2016), la détection ayant été à nouveau réalisée par l'expérience LIGO.
La matière n’existe pas.
ANTOINE SUAREZ
« La physique a besoin d’une coordination immatérielle insensible à l’espace et au temps. »
De manière théorique ainsi que de manière observationnelle on se rend compte que la matière n’existe pas.
Et le ressenti me direz-vous ?
Certes, on a une impression de toucher, de contact de matière à matière mais en fait c’est un contact électromagnétique. De même qu’il y a des forces attractives, il y a des forces répulsives et c’est ce genre de forces, qui supposent une action à distance, qui interviennent dans le cas de la sensation de matière. La notion de dureté ne serait pas liée à un contact mais plutôt à la notion de forces en résistances en raison d’une différence de fréquences des ondes électromagnétiques. On arrive à imaginer intuitivement que si c’est une haute fréquence, on ne va pas arriver à passer car c’est trop dur mais que si c’est une basse fréquence c’est plus mou. Donc ce n’est pas une question de matière mais de vibration.
Au niveau des équations on s’aperçoit via différentes théories qu’on réduit la matière à des vibrations. Comme l’espace est en vibration ; la matière serait un certain type de vibrations du vide, vibrations qui ont la propriété d’être plus dense que les autres. Cela serait un peu comme si on cristallisait les vibrations du vide localement. Cela donnerait lieu à de la matière ce que la théorie des cordes formalise.
La théorie des cordes est un cadre théorique dans lequel les particules ponctuelles de la physique des particules sont représentées par des objets unidimensionnels appelés cordes. La théorie décrit comment ces cordes se propagent dans l'espace et interagissent les unes avec les autres. On peut par cette théorie modéliser la matière sous la forme de cordes vibrantes.
Et la masse me direz-vous ?
La masse c’est une notion assez évidente. Cela mesure la quantité de matière contenue dans un objet ; ça mesure sa substantialité. C’est une grandeur mesurable en kilogramme et mesurante, puisqu’elle mesure le degré de substantialité d’un corps. Et dans notre esprit masse et matière sont deux notions qui sont intriquées l’une à l’autre. On a beaucoup de mal à penser de la matière qui n’aurait pas de masse et on a beaucoup de mal à penser de la masse qui ne serait pas incarnée en particule de matière. Autrement dit dès que l’on pense masse, l’on pense matière et dès que l’on pense matière, l’on pense masse. Et c’est cette intrication, que l’on fait depuis toujours, au moins depuis Aristote, entre matière et masse, que la découverte du Boson de Higgs défait. On comprend alors par cette théorie et sa découverte que la masse des particules élémentaires n’est pas une notion primitive, qu’elles acquièrent du seul fait qu’elles sont des particules de matières. On va comprendre que la masse des particules élémentaires est une propriété secondaire qu’elles acquièrent du fait de leurs interactions avec le vide qui n’est pas vide.
Autre précision. Quand je prends un corps constitué d’autres corps plus petits, j’ai tendance à penser que la masse totale du corps est la somme des masses de ses parties. Donc si je prends un sac de billes, sa masse est la somme des masses de toutes les billes qui sont dedans plus la masse du sac. Cela n’est pas vrai ! Par exemple dans notre corps la somme des masses de nos particules élémentaires, électrons et quarks, c’est quelques pourcents de notre masse totale. Alors d’où vient notre masse principale, les 90% ou plus qui font l’essentiel de notre masse ? Elle vient de E=mc2 la formule d’Einstein. Il faut imaginer que nos particules, notamment nos quarks, interagissent entre eux très violemment. Leurs interactions déploient une certaine énergie (E), qui correspond à une masse effective donnée par la formule d’Einstein. Donc l’essentiel de notre masse ne vient pas de la masse de nos particules élémentaires mais de l’énergie, du fait que ces particules ont des danses furieusement agitées et interagissent en fabriquant ainsi de la masse effective. Donc ce n’est pas une question de matière mais d’énergie.
CONCLUSION
La réalité créée par la conscience ?
Si le temps, la matière et l’espace n’existe pas, qu’est ce qui fait alors notre réalité ?
De nombreux physiciens et pas des moindre, proposent comme théorie que notre réalité est créée par la conscience. En voici deux des plus marquants.
Roger PENROSE (Prix Nobel de physique en 2020 - aussi respecté que Stéphane Hawkins) propose que la conscience est à l’origine de la décohérence quantique dans le cerveau. C’est-à-dire qu’elle sert à réduire les états quantiques des particules par l’intermédiaire du cerveau. On a vu qu’il existe une multitude d’état possible des particules. C’est la focalisation de notre intention et de notre attention par notre conscience qui va déterminer l’état final de la particule. Reste la question du choix de l’état final. Comment ce choix est fait…cela reste encore à trouver.
Thibault DAMOUR, académicien spécialiste de la R.G. (relativité générale) (l’un des grands physiciens français), affirme (ce qui est une conséquence de la théorie de la relativité) que la mort est une illusion, que la notion de réel est créée par l’esprit humain et qu’il n’existe pas de réalité en dehors de notre conscience.
Béatrice Duwelz
BIBLIOGRAPHIE
GUILLEMENT Philippe
La physique de la conscience.
Le pic de l’esprit.
KLEIN Etienne
Conversation avec le sphinx ; les paradoxes en physique
Les tactiques de chronos.
Le facteur temps ne sonne jamais deux fois
Les conférences, cours, podcasts sur Youtube et sur le sujet
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